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S L U I C E G A T E
15 décembre 2011

accolade

Fondation d’entreprise Ricard

Guillaume Leblon

Black Apple Falls

du 15 novembre au 23 décembre 2011

 

 

Guillaume Leblon

Guillaume Leblon,

Probabilité pour que rien ne se passe, 2011

Bois, métal, verre, sable, 380 x 190 x 86 cm

Courtesy Galerie Jocelyn Wolff

 

Accolade

Une chose installée sûrement, montrée dans la plus grande force de son appareil, puissante dans sa stature entièrement tournée-vers ne définit certainement pas la sculpture qui m’intéresse plus particulièrement ici à la fondation d’entreprise Ricard : Probabilité pour que rien ne se passe. Cette sculpture, installée en deuxième salle d’exposition (aux côtés de : L’enfouissement du crabe, 2009, film 16mm, 1’20’’ et Réversibilité, 2009, métal, carton, plastiline, bois aggloméré, divers matériaux, 240 x 90 x 45 cm) se livre et procède d’une tentative de résistance dans sa venue. Elle possède clairement une qualité intermédiaire ou la qualité d’un passage. Un passage du temps ?

Parler de passage du temps me semble une remarque perdue si la qualité du passage n’est pas explicitée plus précisément. Il nous faut envisager avant tout la manière de ce passage ou ce qu’il nous est donné à faire avec ce passage. Quelle manière dans le passage ?

Cette sculpture se présente comme une accolade de matériaux, terme emprunté au vocabulaire des charpentiers, qui faisant avec forces et faiblesses, composent un ensemble et augmentent la résistance des différentes parties d’une construction. Cette sculpture tente justement une délimitation d’un faire avec au titre de la fabrication d’un lieu jouant le rassemblement de matériaux différents et permet à l’œil de passer d’une masse à une autre dans la mise en résistance de l’entier. Parfois perdu dans le tas de sable qui semble soutenir faiblement le reste de la sculpture, l’œil peine à se réengager sur les lignes plus tendues du bois ou de l’acier mais la compréhension d’un entier nous aide à gravir, nous aide à saisir plus avant les masses particulières de ce qui compose, participe de la construction. Je ne devrais pas dire que l’entiereté de la sculpture nous aide mais évoque plutôt un entier, un entier tronqué dans la mesure où la totalité de la sculpture ne se livre que de manière partielle. L’effort de l’œil est ici celui du rassemblement des parties qui donnent cohérence à l’ensemble. L’œil est ici ce qui achève l’installation, qui fera passer le mobilier vers un statut immobilier et aménage un passage possible et tenable.

La construction mobilière devient, le temps du parcours de l’œil ou le lieu d’une circulation, et propose une forme de l’habiter au sens d’une manière de questionner notre propre stature vis à vis de ce quelque chose qui ne connaît pas d’effondrement ou d’enfoncement. Je pourrais dire que la sculpture de Guillaume Leblon est suspendue mais possède toutefois le poids structural du tas de sable qui l’accroche sans l’enfoncer dans le sol mou de l’espace d’exposition de la fondation Ricard. Elle connaît le suspend et la fondation meuble, deux choses permettant l’habiter dans le passage ou l’habiter de celui qui ne retient que la mesure d’une tenue subreptice.

Cette sculpture qui clôt le circuit de visite de l’exposition, nous proposerait finalement un autre chemin d’entrée vers les sculptures et installations présentes. Elle nous inciterait alors à réaliser une lecture à rebours de l’espace arrangé par Alessandro Rabottini et nous permettrait pour finir, d’adopter ainsi une attitude singulière nous portant au sûr ou à la commodité qui convient à chacun pour faire place aux premières sculptures de l’espace.

 

                                                                                               Nicolas Linel

 

 

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